Le droit au bonheur

En ce samedi matin pluvieux, je me suis étendue sur le canapé parce que mon matou m’avait signifié avoir envie d’un moment intime de câlins. Ça ne se refuse pas un tel cadeau. Une fois le chat parti, je suis restée sur le canapé à relaxer au son de la belle musique qui jouait et les yeux fermés, je savourais ce moment avec émotion, comme s’il y avait une explosion de joie en moi, en ressentant le profond bien-être que je vivais, comme cela m’arrive souvent.

Je me suis alors souvenue d’une autre époque lointaine où je n’aurais pu savourer de tels moments que si je ne les avais pas partagés physiquement avec une autre personne. Vous savez, comme d’être à l’autre bout du monde au sommet du Ayerst Rock avant le coucher du soleil et de se dire que c’est trop dommage de ne pouvoir le partager avec un amoureux. Ce n’est pas qu’une simple question de partage. Lorsqu’on ne peut savourer le moment présent sans le partager, c’est qu’on ne peut s’abandonner à nous-mêmes dans toute sa profondeur. Comme si notre bonheur devait absolument venir de l’autre ou avoir une légitimité qu’avec quelqu’un. JE suis au sommet, JE suis bien, JE trouve cela beau… Youppi!!!! J’ai le droit d’être heureuse ici et maintenant, avec moi et moi. C’est ce que j’aimerais dire à la jeune moi de 24 ans de l’époque.

Quand j’entends des amies dire qu’elles ne vont pas au cinéma seules, je trouve cela triste. On va au cinéma pour voir un film et ce que ce film nous apportera n’a aucun rapport à la ou les personnes qui nous accompagnent. C’est sans parler de l’interminable discussion précédant le cinéma, ayant pour thème « Quel film irons-nous voir? ». Ah! Ah! Ah! Si bien que souvent l’un des deux se retrouvera à ne pas aller voir le film qui lui plaisait, juste pour ne pas y aller seul. Je ne me moque pas, je vous rassure, car cela nous est tous déjà arrivé à un moment donné.

Un de mes amis est parti à l’autre bout du pays pendant plusieurs mois et sa copine, restée au Québec, s’ennuyait de lui. Il lui avait offert de lui payer son billet d’avion pour qu’elle le rejoigne. Elle a refusé parce qu’elle ne voulait pas prendre l’avion seule. On parle ici d’une dame d’au moins 45 ans, pas d’une jeune. Encore une fois, je ne me moque pas d’elle, mais entre vous et moi, qu’elle différence cela aurait-il fait que son amoureux soit là?

J’ai déjà vécu cela lorsque, à la fin de l’école secondaire, j’ai fait partie du comité de l’album étudiant et me suis proposée pour aller chercher des commanditaires. Du porte-à-porte dans les commerces de Montréal. Je n’étais pas gênée et j’étais même plutôt douée déjà pour faire des contacts. Je demandais toujours à une même amie et collègue de classe de venir avec moi, Elle, plutôt timide, ne s’y sentait pas à sa place, mais venait quand même. Elle m’a avoué ceci des années plus tard, en disant qu’elle aurait mieux fait ne pas m’accompagner, car elle se sentait inutile. Pourtant, je me souviens très bien qu’à cette époque, je n’aurais pas eu le courage de foncer et de me lancer, si elle n’avait pas été là. Comme quoi cela se passe entre les deux oreilles… En quoi notre courage peut-il reposer sur la simple présence de quelqu’un d’autre? On entend souvent dire que derrière chaque grand homme , il y a une femme. Je comprends que plusieurs grands hommes n’auraient pas eu le courage d’agir, sans avoir quelqu’un à leurs côtés…

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J’ai mis du temps à faire de longues randonnées de vélo seule. Pendant longtemps, je n’en faisais que si j’étais accompagnée. Jusqu’à ce que je réalise que cela était ridicule de m’en priver pour cette raison. C’est même mieux seule! Je peux m’arrêter quand je le veux pour apprécier le paysage, je peux pédaler à mon rythme, faire une photo quand je le souhaite, m’arrêter pour écouter la nature, partir à l’heure que je veux. En fait, même de venir vivre en campagne, je n’imaginais le faire que lorsque je le ferais à deux, pourtant c’est un pur bonheur que de l’avoir fait seule.

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Qu’est-ce qui pousse les gens à se sauver d’eux-mêmes? Vous le savez? Regardez tous ces visages penchés sur leurs cellulaires, que fuient-ils?

Qu’est-ce qui empêche une personne de se faire plaisir? Qu’est-ce qui VOUS empêche de faire les choses sans l’autre et d’y trouver du plaisir?

Toutarmonie

L’infini à la sauce blogue

Je cherchais une image qui illustrerait le 8, symbole (entre autres) de l’infini quand j’ai réalisé que je l’avais sous les yeux tout ce temps à la fenêtre. Le chaud/froid, le gel/dégel, la terre/le ciel. L’infini est symbolisé par le 8, tel un flot continu.

Mon blogue célèbre donc aujourd’hui son flot continu de mots! Huit ans déjà! Non, mais vous imaginez? Huit ans! C’est long et c’est court en même temps. Le temps ne compte vraiment que lorsqu’on s’y arrête pour y penser. La semaine dernière, je parlais d’âge avec quelqu’un et j’ai dû réellement me mettre à calculer pour pouvoir dire quel âge j’avais. Je vous rassure, cela n’a rien à voir avec la mémoire. C’est que mon âge n’a absolument aucune importance. Pensez-y. Que vous ayez 25, 45, ou 75 ans, ce n’est toujours qu’aux yeux des autres que l’âge importe. On se sert des chiffres pour mesurer, mais en fait, l’enfant de 8 ans que j’étais réside au même endroit qu’où je me trouve en ce moment. Certaines choses changent, fort heureusement d’ailleurs, ce que craignent généralement les gens au fil des années. De quoi aurais-je l’air? Aurais-je autant de cheveux? Est-ce une ride? Serais-je aussi belle? Évidemment qu’on change. Le corps se transforme. Ce que je trouve merveilleux, c’est qu’en parallèle de ce corps qui se transforme, se développe une conscience en majuscules de ma force intérieure et de la futilité des apparences.

Il y a huit ans, je lançais ce blogue lors d’un moment de grande inspiration. Un contexte un peu magique. L’aspect physique de ce blogue a changé au cours des ans, tout comme la technologie. Le flot ne fut pas toujours continu, mais le blogue grandit, lui aussi, en sagesse et en profondeur. Je n’ai rien oublié de l’étincelle qui l’a fait naître. Cet éclat de vie est devenu une chandelle qui brille en permanence en moi.

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Les synchronismes qui font qu’une personne atterrit soudainement sur un blogue, puis sur un autre, sont les mêmes qui guident toute chose. C’est cette spontanéité qui me séduit. Au hasard, je tombe sur un texte qui m’interpelle, puis ensuite sur un commentaire qui me donne envie d’en lire davantage sur cette personne.

Oh ce livre semble vraiment intéressant!

Tiens donc, je ne connaissais pas ce film!

Quelle agréable manière de voir les choses! 

Comme j’aime ce que je ressens en lisant ceci!

De fil en aiguille, pour ne pas dire de mot en mot, nous voyageons dans un espace où nos ressentis nous propulsent davantage que nos sens. C’est ce que je préfère. Se laisser porter par cette force invisible qui met sur notre chemin ce dont nous avons besoin ici et maintenant. Des rencontres pas si virtuelles que cela. Un voyage sans itinéraire.

Où que vous soyez sur la planète, peu importe votre âge, au moment où vous lisez ces mots, une connexion s’opère. Stephen King expliquait dans son livre Écriture, mémoires d’un métier, qu’écrire c’est comme faire de la transmission de pensée. Une sorte de magie. Si vous me lisez dans 8 ans, ces mots seront tout aussi vivants qu’actuellement au moment où je les écris. La connexion opère au-delà du temps. C’est fantastique, vous ne trouvez pas? La même chose se produit avec les images ou les dessins.

Je n’écris pas pour cumuler les « J’aime ». Je le fais parce qu’une force en moi m’y pousse. Écrire est une activité solitaire. J’ai dit solitaire? En apparence, ça l’est effectivement, mais ce qui m’excite tant dans le fait d’écrire, c’est que dès que je m’y mets, je ressens une présence intérieure. Un univers, aie-je envie de dire. La vie est une chose solitaire, mais quand j’écris, je ne suis jamais seule. Cependant, au travers de vos commentaires, au travers de vos clins d’œil, je prends davantage conscience de ces rencontres et je les apprécie sincèrement, qu’elles soient passagères ou régulières. Merci d’avoir été là à un moment ou un autre durant ces 8 ans. Merci à toi aussi qui arrive ici pour la première fois, de connecter avec moi ne serait-ce que l’espace de ce texte.

Parce que c’est jour d’anniversaire, voici mon cadeau pour toi. (origine inconnue)

 

par Toutarmonie