Je partage ici un texte reçu de l’auteur du projet No Impact Man. (site en anglais). Comme je le trouvais intéressant, j’ai pris le temps de vous le traduire afin que son message, que je considère important, se rende à vous. Je souligne que j’ai tenté de traduire le plus fidèlement possible, incluant ses répétitions volontaires.
Bonne lecture et surtout, bonne réflexion!

Chers amis,
Je ne dis pas cela souvent, mais j’ai peur. Pas peur au point d’en être paralysé. Pas assez peur non plus pour m’enfuir. Pas assez peur pour cesser d’essayer d’aider. Pas assez peur pour penser que nous sommes condamnés, mais juste assez effrayé pour m’inquiéter pour moi-même, ma famille, mes amis, ma communauté, mon pays et mon monde.
J’ai eu de la chance quand l’ouragan Sandy a frappé. Dans les premières heures, ma fille Bella et moi avons revêtu nos imperméables et avons couru autour du parc Fort Greene à Brooklyn, sous le vent et la pluie, avec notre chien et notre amie activiste et héroïne d' »Occupy Wall Street », Monica Hunken.
Cette nuit-là, les lumières ont clignoté à quelques reprises. J’ai perdu mon internet pendant trois heures. Frankie, le chien, s’est caché dans la baignoire à l’étage. Voilà ce qui en était.
Mais quand je me suis réveillé, le sud de Manhattan était inondé et privé d’électricité. Tous les rivages de Brooklyn et Queens, de Red Hook à Coney Island, entre les Rocaways et Hamilton Beach, étaient ravagés. Le vent avait propagé un incendie au travers du quartier Queens, lequel a détruit tellement de maisons. Et le système de métro le plus incroyable au monde était mis KO, sans parler de la pauvre Staten Island et de la région côtière du New Jersey.
Nous, dans la région des trois états, n’avions pas subi Katrina, mais nous avons eu un avant-goût d’elle.
Oui, il y a quelques bons côtés. Les New-Yorkais ont se sont présentés en si grand nombre dans les refuges qu’ils furent renvoyés. Il y a eu des efforts faits en bénévolat et en dons. Et nombreux furent ceux qui ont chevauché leurs vélos.
Mais il y a beaucoup de souffrance et beaucoup de peur, non pas de ce que Sandy a apporté, mais de ce que les tempêtes de l’an prochain et des années suivantes apporteront. Il y a eu Irene, maintenant Sandy. Pendant encore combien d’années successives la ville de New York peut-elle supporter une » tempête du siècle « , se demandent les gens.
Je viens tout juste de parler à une amie au téléphone. Elle disait: « D’une certaine façon, cela est bien plus effrayant que le 11 septembre, parce que nous avons la sensation que cela peut arriver à nouveau encore et encore, et encore ».
Dans un café cet après-midi, tout le monde, à chaque table, parlait des changements climatiques. Les gens discutaient de l’endroit où ils se réfugieraient la prochaine fois. Chez une tante au New Hampshire. Chez un ami qui possède trois cottages dans le Maine. Les gens préparent leur plan de secours en prévision de la prochaine fois où New York cessera de fonctionner.

Katrina, Irene, Sandy, les sécheresses durant tout l’été, les récoltes de maïs ravagées, les pénuries d’eau dans le sud-ouest: il est difficile de ne pas voir là ce que les scientifiques nous prédisaient en matière climatique. Mais plus tôt que prévu. Bien plus tôt que prévu.
C’est ironique et triste. Nous avons eu ce que nous voulions avec la guerre déclenchée par le 11 septembre en Irak, à savoir le contrôle sur de plus grandes réserves de pétrole. Et que c’est en brûlant ce même pétrole que nous nous sommes nous-mêmes créés un autre mini 11 septembre.
Fractuation — Le forage pour extraire le gaz naturel en injectant des poisons chimiques dans les mêmes roches d’où provient notre eau potable. Les combats dans le Moyen-Orient. Les forages dans l’Arctique. L’extraction à ciel ouvert dans les Appalaches. L’exploitation des sables bitumineux canadiens. La construction de pipelines. C’est dingue!
Particulièrement lorsque le soleil brille partout. Le vent souffle partout. Les rivières coulent partout. Nous pouvons produire notre énergie d’une bien meilleure façon, plus sécuritaire et moins coûteuse.
Évidemment, il existe des raisons expliquant la résistance. Notre économie est basée sur les combustibles fossiles. Changer cela représente un effort gargantuesque. Il y aura un coût à cette transition. Mais les coûts engendrés par notre inaction seront bien plus élevés. Posez la question aux autorités de la compagnie de transport de NY qui pompent actuellement les tunnels ou demandez aux citoyens de la Nouvelle-Orléans.
Mais ceci n’est pas un festival. C’est un appel.
Il y a des années, quand j’ai fait mon expérience NO IMPACT MAN, je suis allé à l’émission Good Morning America et j’ai dit qu’il n’était pas important que tous les Américains en fassent autant que moi. « Chacun de nous doit juste faire quelque chose », avais-je dit.
J’étais dans l’erreur. Nous devons tous faire beaucoup!
Nous avons tous tendance, moi y compris, à penser que brandir notre poing serré à la télé ou laisser un commentaire empreint de colère sur un blogue est une forme d’expression. Nous devons faire plus. Pas seulement en faire plus à la maison, mais plus envers notre engagement citoyen, de manière à guider nos sociétés à aller de l’avant.
En fait, je dirais que nous — nous tous — devons trouver le moyen de consacrer au moins une partie de nos vies à résoudre nos problèmes. Oui, nous devons corriger les changements climatiques. Mais nous devons également accepter que le système économique dans lequel nous vivons soit le moteur de ce changement climatique. La consommation, en tant que base pour notre économie, est devenue comme un manteau d’hiver qui a besoin d’être entreposé. Il ne nous sert plus à rien.
Maintenant, je ne vais pas prétendre savoir ce que chacun de nous doit faire, ni comment chacun de nous doit contribuer à la Grande Transformation. Je ne crois pas que quiconque le sache exactement. Ceci, soit dit en passant, était la grande critique du mouvement Occupy Wall Street à l’époque, à savoir qu’ils ne disaient pas exactement ce que nous devrions faire. La Presse ne cessait de répéter que leurs demandes n’étaient pas claires.
C’était la force du mouvement Occupy Wall Street, à mon avis. Il y avait là la volonté d’attirer l’attention sur les problèmes dont nous n’avons pas encore les solutions. Le mouvement ne pouvait formuler de demandes concrètes, car aucun de nous ne sait à quel point nous devons être exigeants en ce moment. Occupy Wall Street disait: « Arrêtez d’ignorer les problèmes simplement parce que nous ne connaissons pas la solution!!!!!! »
Vous pouvez être en désaccord avec moi. Vous pouvez vous dire que vous connaissez la solution; l’énergie renouvelable. Mais où est la volonté politique envers ce changement alors que l’industrie des combustibles fossiles a injecté 150 $ millions dans le présent cycle électoral?
Vous pouvez dire que la solution vient de l’argent des entreprises, en dehors de la politique. Mais comment ferons-nous cela, alors que les politiciens pour lesquels nous devons voter pour le faire sont les bénéficiaires de ces argents?
Vous pouvez vous dire que la solution réside dans la mesure du Bonheur National Brut, au lieu du Produit Intérieur Brut, mais comment arrive-t-on à faire cela?
Nous avons beaucoup d’idées sur ce qui pourrait arranger les choses, mais nous n’avons actuellement aucune idée concernant la manière de les mettre en place. C’est dire où nous en sommes! Comment pouvons-nous réellement changer les choses?
Il ne s’agit pas de nous dire que c’est impossible. Il faut comprendre que beaucoup plus d’entre nous devrons joindre leurs efforts à la recherche de solutions et leurs mises en place.
D’une certaine façon, je dis la même chose qu’Occupy Wall Street: « Arrêtez de prétendre que vous ne pouvez aider simplement parce que vous ne connaissez pas exactement la manière d’y arriver!!!!! »
Nous devons tous commencer à consacrer un peu de notre vie à ces problèmes, et non pas seulement voter pour les bonnes personnes. Pas seulement laisser des commentaires sur les blogues. Pas seulement avoir des conversations intenses autour d’ un café.
Alors quoi?
Voici ce que j’en pense. Décidez de consacrer cinq à dix heures par semaine pour aider à trouver des solutions. Puis utilisez ces cinq à dix heures comme étant votre contribution personnelle à la recherche de solutions sociales et leur mise en œuvre.
Si vous êtes impliqués politiquement, peu importe le côté où vous vous trouvez, commencez à aller aux réunions de votre parti et insistez pour qu’ils adressent aux hauts placés les nouveaux problèmes du monde auxquels nous sommes confrontés au lieu de maugréer sur les mêmes vieilles affaires depuis 50 ans. Demandez-leur de devenir des leaders, au lieu de chercher à devenir des gagnants.
Si vous êtes un artiste, un musicien ou un écrivain, utilisez vos talents pour attirer de plus en plus l’attention sur nos problèmes et la quête vers une solution. Soyez un rappel constant de la réalité à laquelle doit faire face notre monde et du péril de notre société.
Si vous êtes un thérapeute ou un coach de vie, trouvez un moyen de sensibiliser vos clients à l’idée que les problèmes auxquels ils font face sont les mêmes problèmes auxquels nous sommes tous confrontés. L’insécurité financière, par exemple, est quelque chose que nous pourrions résoudre tous ensemble, mieux que seul.
Si vous êtes banquier, apportez vos valeurs personnelles, votre cœur et votre âme au travail. L’expression « C’est juste les affaires » doit être abandonnée. Nous devons changer cette idée que le libre marché arrangera les choses afin de nous donner bonne conscience.
Si vous avez une chambre d’ami, trouvez un activiste qui ne peut se déplacer du travail, qu’il effectue pour notre bénéfice à tous, et qui ne pas peut, par ailleurs, payer son loyer durant cette période. Procurer un foyer et un certain confort pour ceux qui sont sur la ligne de front des changements sociaux est un service formidable.
Si vous avez deux pieds, marchez avec des amis à 350.org chaque fois que vous en avez l’occasion.
Nous avons tous nos propres façons d’aider.
Une chose est claire, c’est que quelle que soit notre contribution individuelle, chacun de nous a besoin d’aller de l’avant dans le système politique et la démocratie. Nous sommes tous tellement dégoûtés par ce qui se passe que notre instinct nous dicte d’abandonner. Dans ce cas, notre instinct se trompe. Il est tout à fait nécessaire d' »Occuper » notre démocratie. Nous devons inonder les gens avec nous dans cette vague.
Par-dessus tout, ce que je dis, c’est que nous avons tous un rôle à jouer dans notre guérison culturelle. Il n’existe pas de leader qui puisse nous dire comment contribuer. Chacun de nous doit regarder autour de lui et utiliser sa conscience et son âme afin de découvrir ce qu’il doit faire, et comment le faire mieux que quiconque. Chacun de nous doit contribuer à sa façon.
J’ai commencé ce texte en disant que j’étais effrayé, parce que je le suis! Mais ma peur n’est que le signe m’indiquant que je dois faire quelque chose. Il n’existe vraiment qu’une seule chose que je sache vraiment faire, c’est écrire. Alors, je le fais. Je ne sais pas si j’aiderai, mais c’est l’unique chose que je sais faire.
Quelle est LA chose que vous savez faire? Quelle est cette chose à laquelle vous pourriez vous consacrer une partie de votre vie?
Nous ne pouvons juste nous contenter de laisser faire les politiciens, les de
signers ou les « occupants » et les activistes. C’est notre responsabilité À TOUS.
Parce que — et je l’ai dit et écrit à maintes reprises — la question n’est pas de savoir si chacun de nous est le genre de personne qui peut faire une différence. La question est de savoir si vous êtes le genre de personne qui veut essayer de faire une différence. Et Sandy nous a démontré que nous avons tous besoin les uns des autres pour essayer.
Je vous aime,
Colin
P.S.: J’aimerais entendre, dans vos commentaires, ce que vous ferez ou ce que vous planifiez faire.
P.P.S.: Si vous voulez faire savoir à vos amis de Brooklyn que je me présente au « Congress », et leur recommander de voter pour moi mardi, cela serait également grandement apprécié.
Source: blogue No Impact Man
Traduction française: Toutarmonie